je vous joins une réponse faite par une psychologue
Madame la directrice,
Je voudrais vous donner mon point de vue. C'est le témoignage d’une
psychologue et analyste pour enfants depuis plus de 30 ans.
Au nom sans doute de l'initiation à l' esprit scientifique, j'ai
vu qu' une de vos enseignantes a jugé bon de dire aux enfants de
jouer avec les poumons d'un lapin.
J'ai regardé votre site. Les remarques amusantes et renforçantes,
encourageantes du style: « quel courage! Elle a pu surmonter sa peur
» (et tripatouiller le cadavre de animal tué), ça vous semble bien?
Un plus?
Et si c'était un moins? Et si c'était juste l'apprentissage de la
désensibilisation au mal et au malheur d'autrui, maladie dont souffre
l'humain?
E si c'était un viol de leur conscience, donc au final une violence
faite aux enfants?
Car s'il y a tant de violence, c'est parce que les enfants perdent
cette sensibilité spontanée aux autres et particulièrement aux
animaux, qu'ils considèrent certes d'abord en tant que pervers
polymorphes comme des objets de jouissance, puis au fur et à mesure
que l'adulte, leur modèle, leur interdit la destructivité qui les
attire à ce stade, ils voient que les autres ( y compris animaux)
sont des alter ego . Alors peut naître l'idée que tout le monde doit
respecter l'autre vivant sensible comme lui. L’ identification
permet le respect. Mais pour cela, il faut que l'adulte se tienne à
la morale qu’il affiche!!!
Casser ça est finalement ce que vous avez fait en leur ouvrant la
porte au refoulé, à la régression.
Ce n'est pas bien. Pour les mêmes raisons, je demande aux adultes de
ne pas choisir la solution de facilité: les animaux, pour distraire
les enfants.
L’éducation est une tâche impossible, disait Freud. Car il pensait
éducation à la civilisation.
Mais du moins essayons de leur faire désirer la civilisation au
lieu de foncer dans le pire: l'apprentissage de l’indifférence à la
souffrance et à la mort des autres, sous prétexte d’une supériorité
quelconque , qui devra faire de ses victimes animales de simples
objets de plaisir, de jouissance que ce soit fait au nom de la
science, des loisirs (cirques, zoos, crabes ramassés sur la plage,
introduction à l'ecole de chasseurs, ou de toreros, etc, etc.) ou
encore de…l’éducation !
Or qui a à gagner d’une formation à l’endurcissement des enfants ?
Qui, sinon un possible régime totalitaire qui en fera des barbares
envers les hommes comme ça s’est vu il ya 60 ans. En fait personne ne
gagne et, en tous cas, pas l’éducation à la civilisation, la seule
digne de ce nom . Sinon, on tombe dans la perversion.
Ce que ni vous ni moi ne pouvons désirer pour le monde de demain qui
est celui que feront ces enfants dont nous avons la charge.
Lourde est la responsabilité de ceux qui forment l’humanité du futur.
A nous d’en peser toutes les conséquences pour notre humanité, certes,
mais au delà, pour le monde sur lequel l’homme a un pouvoir qui
s‘avère jusque là être le plus destructeur de tous les vivants sur
terre.
En espérant que loin de vous contrarier, cela peut servir de base
d’une réflexion à poursuivre avec les enseignants et pourquoi pas ?
Les enfants.
A qui on pourra dire : "Tu as été courageux, c’est bien, non de tuer,
non, de jouer avec un corps, mais de ceci : de ne pas écraser cette
fourmi, cette araignée. Elle est comme toi, elle ne demande qu’à
vivre. Ne lui fais pas de mal, elle a peur, comme toi face à un géant.
Mais toi, tu n’as pas à avoir peur d'elle. On va la remettre dans son
milieu délicatement, sans la blesser, en lui parlant pour la rassurer,
tout doucement. "
Apprendre à respecter, c’est aussi apprendre à aimer tous les êtres.
Connaissez-vous ce surprenant mais ô combien admirable et éducatif
poème de V. Hugo, J'aime l'araignée ?*
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Changer le monde revient à se changer soi-même car le monde n'est que le reflet de nous-même...